Les contribuables s’organisent en Guadeloupe: Naissance d'une association de contribuables

Une nouvelle association locale de contribuables vient de voir le jour aux Antilles françaises. Harry Olivier, Président de l'association Citoyens- Guadeloupe répond à nos questions.

– Harry Olivier, qu’est-ce qui vous a poussé à lancer le Collectif Citoyens-Guadeloupe ?

Harry_Olivier

Harry Olivier, Président du Collectif Citoyens  Guadeloupe

Il s’agit d’un mouvement qui vise à défendre les contribuables et usagers des services publics de Guadeloupe. Trois sujets de préoccupation dans l’immédiat : 1 – La gestion du transport public, inefficace et inopérant, ce qui ne permet pas aux citoyens de se déplacer, notamment pour se rendre au travail. 2 – La gestion des déchets. La Guadeloupe est toujours une décharge à ciel ouvert avec toutes les nuisances découlant en terme de développement durable. 3 – La gestion de l’eau qui est une catastrophe : on manque d’eau dans les foyers et dans les entreprises. Le Collectif Citoyens-Guadeloupe relève une mauvaise gestion de l’assainissement avec de l’eau polluée déversée dans le domaine public (mangrove, rivière et mer). Dans ces trois domaines qui touchent au quotidien de la population, les élus qui gèrent SEULS, depuis plus de 30 ans de décentralisation, ont échoué. Début janvier 2016, nous apprenons que le Préfet allait signer l’arrêté de création d’une nouvelle structure unique de gestion de l’eau dénommé « Eaux de Guadeloupe ». Nous avons cherché les statuts de cette nouvelle organisation. Nous constatons alors que le projet qui devait se mettre en place le 14 janvier 2016 ne répondait pas à la situation d’échec de la gestion de l’eau et que les élus recommençaient SEULS une organisation avec trop d’intermédiaires. Il est écrit dans ce projet de statuts : ARTICLE 1er : DÉNOMINATION, COMPOSITION ET SIÈGE DU SYNDICAT Les membres adhérents au syndicat sont : A- Les collectivités territoriales majeures ; B – Les établissements de coopération intercommunale à fiscalité propre ; C -Les organismes publics associés au titre de leur représentativité. Au total, il y aura 18 délégués représentant 103 voix sans aucune représentation des consommateurs, des clients, des contribuables. Ce qui veut dire que les élus guadeloupéens en bande organisée veulent créer une nouvelle structure pire que ce qui existait déjà. Avec des intermédiaires qui ne vont pas payer l’eau et des clients qui ne sauront à qui s’adresser. Nous exigeons donc une structure unique qui gère l’eau de façon transversale à savoir depuis le puisage de l’eau, en passant par le transport, le traitement, la distribution et l’assainissement avec une facturation unique et un prix unique en solidarité avec l’ensemble du territoire de la Guadeloupe. En termes d’économies d’échelle, c’est la meilleure formule avec une maîtrise du processus dans sa totalité. – Très concrètement, comment agissez-vous pour informer les citoyens et sensibiliser les élus guadeloupéens ? Nous avons pris, dans un premier temps, contact avec certains acteurs de la défense des consommateurs, des contribuables, des usagers, des salariés de la Générale des Eaux, et nous avons ensemble organisé une conférence de presse le 13 janvier 2016 en vue d’attirer l’attention de la population, des élus et du Préfet qui devait signer l’arrêté de création du nouveau syndicat « Eaux de Guadeloupe » le 14 janvier. Le Collectif Citoyens-Guadeloupe a écrit au président de la République, le 13 janvier, en lui demandant de retenir la main du Préfet en l’invitant à revoir ces statuts en concertation avec tous les acteurs. Nous avons reçu une réponse le 02 février 2016 de la présidence de la République qui dit : «  Je nai pas manqué de relayer votre démarche auprès du préfet de la région Guadeloupe, préfet de la Guadeloupe, en lui demandant de procéder à son examen attentif et de vous tenir informé de la suite qui lui sera réservée.. » Le Collectif Citoyens-Guadeloupe a écrit au Préfet de Région les 20 janvier et 1er février, lui demandant de sursoir à la signature et d’ouvrir une large concertation, et en préconisant un organe unique avec une gestion mixte en 4 quarts à savoir 25% chacun pour les représentants des clients, des élus, des salariés et des socio-professionnels. Dès l’instant qu’un organisme doit gérer une activité pour laquelle il y a un paiement par un client (qui paie une facture, des impôts ou un billet de transport), il faut que l’organe de gestion, de décision soit mixte dans sa composition. Le Collectif Citoyens-Guadeloupe a écrit le 21 janvier à la ministre des Outre-Mer qui nous a répondu (dans le même esprit que la réponse de la Présidence) et à la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, sans retour pour l’instant… Le Collectif Citoyens-Guadeloupe a écrit aux médias locaux en leur adressant des communiqués, des articles ont paru le samedi dans le quotidien local (France Antilles). Enfin, nous lançons notre site internet ccg971.wordpress.com  – Quels gaspillages avez-vous relevé en Guadeloupe dans la gestion de l’eau ? Les difficultés financières récurrentes et inflationnistes du SIAEAG (Syndicat intercommunal d’alimentation en eau et d’assainissement de la Guadeloupe), y compris ses engagements non respectés envers ses prestataires, menaçaient une fois encore de priver toute la Guadeloupe d’un service essentiel, facturé de manière permanente aux clients usagers, mais sans le service correspondant. Le SIAEAG dépense des sommes considérables dans les missions, les déplacements, les réceptions et la communication, pour des résultats qui demandent à être précisés et évalués. Ce sont 6 903 880 euros qui ont été dépensés de 2005 à 2011, soit l’équivalent de 7 mini-stations d’épuration, comme celle de Calvaire à Baie-Mahault ou de deux stations d’épuration comme celles de Saint-François, ou bien encore de deux années de capacité d’autofinancement du SIAEAG (cf Rapport de la chambre régionale des comptes de 2012). Le SIAEAG émet des factures exorbitantes sans corrélation avec la réalité de vie des clients liées, à l’absence d’eau dans le réseau ce qui fait tourner le compteur sous la pression de l’air.

  • Il y a 7 collectivités compétentes en matière de gestion de la ressource en eau potable, ce qui multiplie les coûts de gestion.
  • Actuellement 85% des 180 000 abonnées sont desservis par un opérateur privé (contrat d’affermage, de gérance, de prestation de service passé avec la collectivité) et 15% sont desservis directement par la collectivité (régie directe). Des modes de gestion distincts pouvant être utilisés par la même collectivité.
  • Il y a 52 usines de production sur le territoire.
  • 150 réservoirs d’eau traitée en service pouvant contenir un volume correspondant à environ 65% du besoin journalier.
  • Le linéaire de la distribution d’eau représente 4250 km /4 canalisations assurent le transfert d’eau brute de la Basse-Terre vers Pointe-à Pitre, le Nord Grande-Terre et Sainte-Anne / 2 canalisations assurent le transfert d’eau traitée depuis la Basse-Terre vers la Grande-Terre / 2 canalisations sous-marines permettent le transfert d’eau traitée vers la Désirade et les îles des Saintes. Canalisations non entretenues.
  • Le coût d’exploitation représente 74% des dépenses pour 26%  d’investissement.
  • La production est de 170 000 m3 par jour pour 81 000 m3 consommés soit + de 50% perdu dans le réseau de distribution vétuste non entretenu.

Les infrastructures d’eau n’ont pas été amorties et donc pas d’autofinancement des installations permettant leur entretien ou autres investissements (cesr). Rien n’est valorisé pour tout ce qui concerne l’assainissement et aucun amortissement n’est prévu dans les comptes. Ce qui pourrait laisser à penser que c’est le contribuable qui pourrait être appelé… Propos recueillis par Benjamin Izarn –  Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. –   www.facebook.com/ccg971 –   Blog : www.ccg971.wordpress.com

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